mardi 27 mai 2014

Les larmes


Atelier d'écriture du mois de mai à St Gervais
Consigne après lecture du texte de Massenet « Hers ,les larmes »
Consigne 1. écrire sur les larmes
Sous forme d’humour :


 
Les larmes, alarme … ça s’acharne
Et me désarme
Et quand ça dégringole,
Ça me fait flageoler les guiboles J

Les larmes, c’est fou, c’est fort
Ça passe partout
Ça s’évapore
Dans le maillot, dans les tibias
Et après ça, je peux jouer la Castafiore
En mode raplapla
Tu vas voir si je fais pas partie du décor !
 

Les larmes, ça clique, çà craque
Ça tire dans le pif, ça ébouriffe
C’est le contraire du Malabar
C’est pas pour les piliers de bars
Et puis tu sais, j’en ai ma claque
De chialer pour Marcel
Alors je vais pas pleurer
Pour ce vaurien, cette fricadelle
 
Les larmes, j’en ai plus
J’ai tout vendu
J’ai vidé mon sac
Alors pouet pouet
Laissez moi rouler tranquille
Dans mon estafette




Consigne 2. Ecrire sur les larmes
En inventant une plaidoirie

 

Madame la Présidente, mesdames et messieurs les Jurés

Mais ce procès est totalement hallucinant ! vous avez d’un côté les enfants trop gâtés qui réclament leurs droits, et , muettes et abasourdies sur le banc des accusés : les larmes ! Vous avez pourtant bien suivi l’affaire, il n’y avait pas péril en la demeure que je sache.

Je trouve que vous prenez un risque et que votre âme est en péril, oui, en danger. Vous laissez tout passer à votre progéniture capricieuse et mauvaise, et vous ne donnez plus à vos gosses le droit de pleurer. Savez-vous que les larmes sont à la source du cœur ? connaissez-vous la force insoupçonnée des émotions et la puissance profonde des sentiments qui sont les meilleurs amis des larmes ? En voulant épargner à vos enfants ces petites misères insignifiantes pour lesquelles nous sommes là aujourd’hui, vous étouffez leurs rêves, vous emprisonnez leurs capacités d’être vraiment ce qu’ils sont. Je vous demande, Madame la Présidente, mesdames et messieurs les Jurés, d’acquitter les larmes et de les laisser enfin couler en paix.

 

Soif

Poème écrit lors de l'atelier d'écriture de mai 2014 à St Gervais


Soif
Consigne : Ecrire à partir d’une image
Mon choix « village de Toubkal » village berbère, Maroc
En employant la lettre « S »
 
Surgissant d’un silence
Sommet surprenant
Seul et sacré
Sautant dans le soleil
Superposition soudaine de si…
Sournoises sont les souffrances
Soif


Sommeils sinueux
Songes de solitude
Se surprennent et s’attendent
Sans signe de sagesse
Savoir ?
Sans semaille sur le sentier
Si seulement…
Sourd est ce silence
Soif
 
Syllabes et sons se succèdent
Sempiternelles suites
Sens inversé du sens
Sursaut sensible des secondes
Soif
 
Sans cesse se souvenir
Saccader le son et le si
Se suffire à soi-même
Savoir ? si seulement…
 
Survivre
En souriant du Soufi
Soif
Simplicité suffisante d’un secret
Si tu le souhaites

Haïku


Poème écrit pendant l'atelier d'écriture de St Gervais les Bains
Consigne : écrire un Haïku

 

 
 
Le ciel son silence
Murmure un chant si bleu
Emerveillement
 
La mer l’insoumise
Etoile perdue en bleu
Navire au loin
  
En passant le pont
L’envol des grandes hirondelles
Plus loin c’est l’été

Gravitation universelle


 
 
Texte produit pendant l'atelier d'écriture de mai 2014 à St Gervais
Consigne : travail sur l’anagramme ; écrire sur la gravitation universelle en insérant les expressions « avaler vite un glacier » « une carte ou un singe vil «  « seule loi vitale régnant sur la vie »

 

Selon le dictionnaire, la gravitation universelle serait un phénomène au cours duquel les corps matériels s’attireraient réciproquement et de façon proportionnelle à leur masse.

A aucun moment, le dictionnaire ne précise si ces mêmes corps matériels sont capables d’avaler vite un glacier, ou s’ils sont en possession d’une carte ou d’un singe vil.

Et pourtant, au-delà des lois fondamentales qui régissent la science physique, il me semble que l’amour est en apesanteur, partout, depuis la nuit des temps.

Oui, la vie ne peut trouver sa source que dans l’amour que nous nous portons les uns aux autres. Un amour hors espace temps surgissant au hasard de nos chemins.

Il peut surgir comme ça, pour presque rien. Un regard, un sourire, des paroles bienveillantes éveillent en nous une force jusqu’ici insoupçonnée, une puissance soudaine qui nous porte à vouloir embrasser la totalité des êtres et des choses. L’attirance réciproque telle que décrite par la science ne sera jamais celle des hommes.

L’histoire nous racontera toujours des expériences d’amour qui sauront séduire, parfois effrayer, mais toujours nourrir nos possibles, en toute simplicité.

Et il en va peut-être ainsi de tous les êtres peuplant la terre. Apprendre à aimer. L’amour inconditionnel est la seule loi vitale régnant sur la vie.

 

N'oublie pas de vivre

N’oublie pas de vivre
Sous le ciel des jours
Le temps se balance
N’oublie pas l’amour
Offre l’espérance
 
Quand tu croiseras
Le fidèle semeur
Vagabond ou pas
Ouvre lui ton cœur
 
N’oublie pas la vie
Instants de lumière
Aime, danse, chante, souris
Fais grandir la terre
 
Au soir de tes jours
Avaleur de joie
La voix de l’amour
Chantera pour toi
 
Poème écrit lors de l'atelier d'écriture de mai 2014 à St Gervais les Bains

lundi 26 mai 2014

L'enfant et la grenouille


Consigne : écrire un texte libre à partir d’une photo « l’enfant et la grenouille »

Mots à insérer : simplicité, froid, insouciance, quartier, fessée, retour de pêche, jeux, paroles d’adultes, boulangerie, divorce, musique de Bach, mal au ventre, profondeur, empêchement.
 
Calme toi. Viens près de moi, viens t’asseoir. J’ai besoin de te raconter un peu de mon enfance. Regarde, j’ai retrouvé dans la vieille boite en fer au fond du grenier, quelques photos. Sur celle-ci, je dois avoir 8 ans.

Je me souviens bien, c’était pendant les grandes vacances chez la mémé Lucie. Tu ne l’as pas connue, elle habitait au bout de la ruelle du Passage. J’adorais sa maison, son jardin. Il y avait toujours des lézards qui couraient sur les murs.

Un jour, mémé revenait de la boulangerie et s’affairait dans la cuisine à préparer le repas. Elle écaillait un poisson que le cousin Vincent lui avait ramené de son retour de pêche. En cuisinant, mémé avait mis sur le vieux phono de la musique de Bach. J’aimais bien rester auprès d’elle et je buvais ses paroles. Paroles d’adultes qui parfois me faisaient un peu mal. J’étais bien trop jeune pour les comprendre.

Ce jour-là, il faisait très froid et je n’arrêtais pas de taquiner mémé en passant derrière elle et en lui dénouant son tablier. J’étais très coquin ! Dans mon insouciance, j’allais toujours un peu loin et dès que mémé voulait m’attraper, je prenais tout ce qui me tombait sous la main et le poser par terre de façon à provoquer ce que j’appellerai « l’empêchement dans la simplicité ».

C’était un de mes jeux favoris. J’avais besoin de taquiner, de me confronter aux limites pour sans doute me sentir mieux exister.

Mémé avait de la patience, mais quand même !

Parfois, il m’arrivait d’oublier un petit détail : c’est que mémé était beaucoup plus grande que moi et qu’elle aurait vite fait de me rattraper. Mais ce jour-là, mémé avait les mains prises entre les écailles de poisson et la farine, et j’avais déposé beaucoup d’objets sur son parcours !

Une fois mon forfait commis, je pris mes jambes à mon cou pour sortir en trombe de la cuisine. Mais, je n’avais pas sitôt franchi le seuil de la porte que je me sentis soudain soulever du sol. Je volais dans les airs … C’était le cousin Vincent qui était là, juste au bon moment, et qui avait entendu crier mémé. Il me tira méchamment les oreilles, me secoua comme un prunier pour me calmer et, tout en me cramponnant bien fermement, me menaça d’une bonne fessée. J’étais terrifié !
Son coup de semonce violent et son accès de colère provoquèrent en moi un grand choc, une cassure, un vrai divorce.

J’avais soudain l’impression qu’il y avait deux mondes diamétralement opposés : celui de mon enfance, si chaud et rassurant, et celui des adultes, avec des codes et des lois que je trouvais absurdes et que je n’acceptais pas.

Une fois que le cousin Vincent m’eut relâché, je m’éloignais du jardin. Seul, je me retrouvais complètement perdu et en proie à un terrible mal de ventre. Je m’approchais d’un muret, avec encore dans la tête des idées de mauvais coups et de vengeance. J’en voulais terriblement au cousin Vincent et mon cœur, en moi, battait toute sa colère.

Soudain, je la vis. D’où venait t’elle ? où était sa maison, sa ruelle, son quartier, ses amis ? Elle était là, et c’était pour moi presque surnaturel. Je ne la trouvais vraiment pas belle avec ses gros yeux et toutes ses tâches, mais sa seule présence avait réveillé toute la profondeur de ma curiosité, l’émerveillement. J’étais là et rien que là, avec elle. Je l’adoptais de suite et sans aucune formalité ! Loin du monde si compliqué des adultes, une petite grenouille, moche et insignifiante, avait croisé mon chemin. Mais surtout, elle m’avait rendu la joie de vivre et le sourire.

Agacement quotidien


Atelier d'écriture du mois de mai à St Gervais
Consigne : écrire comme « A Villequier » de Victor Hugo
En commençant chaque strophe par « Maintenant que « 
(j'ai pris volontairement une tournure humoristique)


 
Agacement quotidien


Maintenant que tu as encore raison
Et que tu ne veux rien entendre de ma déclaration pourtant nécessaire
Maintenant que tu t’entêtes à jouer les hommes de l’air
Qui m’agace et m’exaspère
Je te mets en préavis de ..  m’écouter
Et de m’aider à passer la serpillière !

 
Maintenant que la soupe est cuite
Et que tu continues à faire du bruit avec la tondeuse
Sans arrêter pendant que la voisine te fait des signes
Et que je tape aux carreaux par égard pour les poireaux
 

Maintenant que le film va bientôt commencer
Et que je vais manger toute seule, tu l’auras bien cherché
Et quand tu auras les deux pieds dans tes charentaises
Je te préviens, inutile de me réclamer une mayonnaise !

 
Maintenant que tu dors comme un bébé
Et que tu ronfles comme un sonneur
Sans te retourner pendant que je cherche le sommeil
Et que je tourne sur tous les quarts de mon corps
Ça me fatigue et me donne les hauts le cœur

 
Maintenant tu vas encore me dire que tu as eu trop chaud
Et que tu n’as pas fermé l’œil ! mon œil oui !
Tu vas me faire encore la tirade du lit

 
Maintenant que tu veux sauver la planète
Mais que tu ne veux jamais sortir la poubelle
Je te laisse pour partir avec mes copines
J’en ai vraiment assez de te préparer tes tartines

 
Maintenant que le quotidien et la routine me mettent en colère
Et que le médecin m’a encore dit que ça faisait des hormones
Je crois franchement que ce brave docteur déraisonne
Ou qu’il me prend pour un train à vapeur


Maintenant que, mon Cher Epoux, je t’ai écris tout ce qui me torture
Le plus simple serait, pour nous, je t’en conjure
D’engager une bonne ... ou une procédure.

au fil de l'eau et du temps


 
 Poème créé lors de l'atelier d'écriture de mai 2014
Consignes Ecrire comme … Yerma
Poème de Federico Garcia Lorca
Sur le thème des lavandières qui lavent le linge et discutent entre elles
  
Ruisseau du temps
Effilocheur de silence
Parle moi encore
Des vieux trousseaux
 
A la fontaine
Toutes les jeunes filles
Lavent leurs rêves
 
Frotte frotte frotte
Avec force et tendresse
Ce col du travailleur
Au sourire fatigué
 
Chaque parole ruisselle
Et l’écho du ciel
S’amuse en voyelles
 
Ici chante l’eau
Silence !
Ecoutez ce refrain mouillé