lundi 2 septembre 2024

Compte à rebours

Sur mon visage, le temps, peu à peu, me dévisage. Il a posé des lignes sur mon front, mes joues, pour tracer l'espace des années. Sans crier gare, tout s'enfuit, se retire sur la pointe des pieds.

Parfois, il m'arrive de retrouver d'anciens carnets d'adresses, portant des ratures ou des noms oubliés.
Parfois, il m'arrive de me redécouvrir sur une photo jaunie d'un instant égaré.


Tout au fond de mon coeur, je le sais, je le sens, rien n'a vraiment changé, il n'est pas transformé, il s'est juste recroquevillé un peu plus, à chaque départ pour de vrai, à chaque désillusion qu'il n'a pas voulu accepter.


Aujourd'hui, je ne compte ni mes rides, ni mes années. Je suis comme je suis, avec un sentiment époustouflant de gratitude pour tout ce qui m'a construit, petit à petit.


Comme tout le monde, je connais la joie, la tristesse, la peine et la peur. J'ai déjà affronté le vide, l'absence, le manque, cherchant à m'extirper à chaque fois de mes luttes intérieures.

J'ai appris que le temps, en chaque chose, fait son oeuvre. J'ai compris que l'imperfection fait partie de la juste compréhension mais que nous affrontons à l'envi ce mystère inouï de notre présence sur terre. Seule la puissance de nos sentiments peut résister au naufrage temporel.

Alors qu'un nouveau cap, le soixante-sixième, se rapproche et que chaque jour se détache, je mesure, étourdie, l'envol des années au-delà de mes épaules. J'ai cru comprendre, je ne sais rien. Tout reste à apprendre ...


Ce qui est sûr, c'est que j'ai au fond de moi un trésor inestimable : tous ces coeurs, battant dans le même unisson que le mien, tous ces visages aimés que l'amour envisage.


~ Danielle Beaufils ~
27 août 2024

C'est la rentrée !

 


Allez comprendre pourquoi la rentrée des classes me procure toujours un petit pincement au coeur.

Ce moment réveille en moi la boule au ventre que je ressentais devant le portail de l'école. L'instant particulier de l'attente suivi de la découverte du visage de l'institutrice puis de mes petites camarades. Toute ma scolarité primaire a eu pour cadre l'école privée de filles de mon village natal. Avec le temps, les bons souvenirs ont effacé toutes les égratignures, parce que j'ai eu la chance d'avoir deux institutrices pleines de tendresse et de bienveillance et pour lesquelles je ressens toujours autant de respect et de gratitude.


Cette appréhension des premiers instants de la rentrée ne durait pas trop longtemps. Elle était très vite effacée au moment de la distribution des livres, des cahiers et du matériel scolaire que j'allais pouvoir, enfin , étrenner !


Chaque matin, nous avions une leçon de morale et chaque soir nous rentrions à la maison après avoir fait nos devoirs, surveillés, en étude. Le papier buvard, l'encre violette et son parfum délicat ont laissé en moi des traces indélébiles. Je me souviens des récréations et de nos mains unies dans une même ronde, des jeux de l'élastique, des chansons, des kermesses et de la cour d'école qui suivait, elle aussi, le rythme des saisons. Je me rappelle aussi des punitions, avec certains châtiments corporels qui seraient sévèrement punis aujourd'hui.

Bien des années plus tard, dans mon rôle de maman, la rentrée des classes m'embuait toujours les yeux, lorsque je voyais mes petits s'échapper pour s'envoler vers de nouvelles aventures. Demain matin, j'aurai des pensées toutes particulières pour mon petit-fils qui rentrera au cours élémentaire deuxième année. Je penserai aussi à tous les petits écoliers que je connais. L'école tourne dans nos vies de nouvelles pages, déclinant sur son passage des rencontres, parfois inoubliables, et tellement de belles découvertes à vivre dans les apprentissages !
Excellente rentrée des classes !


Danielle Beaufils
~1er septembre 2024 ~

Rentrée au bois de plumes



Crayons de bois, crayons de plumes
Gommes, compas et porte-plumes
Cahiers ouverts, cahiers fermés
Jolis dessins et alphabets
Crayons de bois, crayons de plumes,
Bien alignés les écoliers
En rangs serrés, s'agitent, écoutent ...
Allez Petit,
C'est la rentrée !
Danielle Beaufils-Mage

vendredi 23 décembre 2016

Fais de ta vie ta vie

 
Fais de ta vie ta vie
Fais de la vie un rêve
Et suis sans trêve
Le chemin délicieux
Du jour et de la nuit

Fais de ta vie une danse
Voltige et grime
Suis la vie suis ton coeur
Fais confiance
La beauté rejaillit
A chacun de tes pas

Fais de ta vie
Une amie

Fais ce que tu crois
Espère, chante, danse, aime
Ne t'arrête jamais
Fais renaître l'enfant au fond de toi
Partage, souris, avance, accomplis

Fais de ta vie ta vie
Et ne laisse personne
Respirer à ta place


jeudi 8 octobre 2015

J'aimerai



J'aimerai parfois faire taire cette mélancolie
Qui résonne fort au fond de moi
Et traverse à pas sournois
Les couloirs de ma vie


 
Regard triste posé sur le monde
Océans de questions sans réponse
Pourquoi ?

J'aimerai ne pas montrer
La tristesse qui parfois m'envahit
J'aimerai croire aux forces de la vie
Mais comment faire ?
Lorsque l'ombre cache la lumière

J'aimerai pouvoir rendre à l'enfant blessé
Son regard émerveillé
J'aimerai pouvoir sécher
Du monde entier
Ses torrents de larmes
Mais comment écrire pour traduire toute la vérité
De ce que j'ai sur le coeur

J'aimerai ... j'aimerai ... j'aimerai

Etre vivant




Etre vivant, c'est passer du rire aux larmes, de l'ombre à la lumière. Etre vivant, c'est ressentir la joie, la tristesse, la colère, d'étranges sentiments habitant notre maison intérieure. Etre vivant, c'est un émerveillement constant, une source de bonheur dans l'infini de l'infini... Oui, c'est un peut tout ça être vivant...

Solitude

 
Prendre le crayon de bois pour tracer en soi de nouvelles lignes. Le carnet muet me renvoie l'écho de la page blanche. Vide absolu. Ma solitude est là, je peux la porter à mains nues. Quel est ce vent irrévérencieux qui s'amuse sous la jupe des mots ? d'où vient ce plaisir à vouloir être en solitude pour écrire ? et pour écrire à qui, à quoi ? parler de quoi ? quel est le problème ?
 
Des millions de gens ...se croisent et se rencontrent, fuyant trop vite leurs solitudes. Ils se parlent et peuvent même s'aimer. Pour ne pas être seuls, ils donneraient leurs chiens.
 
J'aime cette solitude, cet espace dans le temps rien que pour moi. J'aime la peupler dans l'infini de paroles qui surgissent sur le seuil comme ça, sans crier gare. La maison des mots s'habille de mes silences, et ce sont eux qui donnent chaleur, ambiance, mouvements.
 
Dans cette solitude choisie, expérimentée tant et tant de fois, "j'émerveille", j'invente, je peaufine et confronte mes doutes à mes possibles, mes impuissances à mes absurdes, et rien ne me fait peur ici, et rien ne me fait taire.
Au loin, juste à côté, le temps continue et le cœur de la vie bat son rythme régulier. Juste à côté, il y a le chat et la fleur. Tous les deux peuvent danser dans les rêves du vent. La solitude marche à côté de la vie, elle en emprunte tous les chemins.
 
A ce monde j'appartiens, de ce monde je suis un élément et je m'enivre d'être, tout simplement.
Et lorsque ma solitude voudra rejoindre les étoiles, je veillerai à trouver dans cette nouveauté, assez de mots dans la lumière.
 
Tabou de solitude, je veux en parler. Tabou, mot inventé par l'homme pour éviter ses peurs. Tabou... mots en tas, bout à bout de mots, mots mis en bouts, mots debouts, à bout sur un tas de vie ...

Tabou, comme un tambour amputé d'un bras qui ne pourrait plus battre. Parler du silence et de la solitude pour VIVRE, EXISTER, RESPIRER. Se déposséder de soi pour voir plus loin, pour sentir en soi des ailleurs. Solitude, comme un point suspendu sur le fil du temps ... La musique entraîne toujours très loin et rejoint souvent d'autres musiques, d'autres mélodies. 

 De ce monde, je m'étourdis souvent, dans la pensée de cette multitude infinie qui arrive, seule et nue, puis vit, danse, chante, pleure, se marie, puis repart, si seule et anonyme. De ce monde, de son souffle sacré, nous sommes tous, un à un, reliés.

Distillation



J'adore
voir dans des yeux qui brillent
des désirs qui pétillent
et des mots tout habillés de rouge
sur des bouches hier encore...

toutes timides
c'est le petit verre de vin
qui distille sur les chemins
des petits riens pas bien méchants
sans abuser du petit blanc
la porte s'ouvre aux bons moments
tout simplement

Dérisoirement

 
J'aime arpenter les forêts. Pour retrouver parfois, sur le chemin des souvenirs, des histoires enfouies dans le passé. Parfois, sous mes pas, traînent encore des larmes et des silences qui voudraient s'égarer ...
Au gré du vent, la vie passe, je gagne, je perds, mais j'apprends des leçons. Sous les pas de mon cœur, traînent encore de vieilles douleurs, que le temps n'a pas encore pu effacer. Et chaque vie oscille entre l'ombre et la lumière.
La vie et la forêt me parlent toujours d'essentiel. Elles me redisent la chance infinie d'être au monde. Quel cadeau de pouvoir vivre la rencontre des autres ; sans les autres, la vie n'aurait pas son éclat.
L'essentiel est dans l'amour, dans l'amitié, dans ces joies-là. Tout le reste est tellement dérisoire ...

Musique intérieure


 
Lorsque j'étais petite fille, je construisais des cabanes imaginaires. Mes rêves habitaient parfois la grande marelle du ciel. Et lorsque les cloches sonnaient les dimanches, je trouvais que la lumière était toujours une nouvelle lumière ... J'engrangeais tout au fond de mon coeur tous les mots que je ne pouvais pas dire... J'engrangeais déjà, au plus profond de moi, ma musique intérieure ...

dimanche 7 septembre 2014

la toile de la vie


Depuis notre naissance, nous sommes pris dans la toile de la vie, et du temps qui s'enfuit.


Toile inondée de soleil, quand elle rejoint d'autres espaces dans le cœur des amours, des amis.


L'amour tisse autour de nous sa toile, nous en ressentons les fils au plus profond de notre cœur. C'est une soie délicieuse, puissante, qui nous pousse jusqu'aux délices de l'ivresse.

Ce matin, j'écris en bleu dans cette toile pour tous ceux que j'aime et qui sont aussi dans ces filets joyeux.

Au-delà du temps, l'amour dans les cœurs est à préserver, comme un diamant précieux posé au chevet de ce qui est toujours possible d'accomplir.

Dans le silence et dans le vent, dans la lumière de l'océan, devant l'infini de la rivière, se tissent d'autres toiles, d'autres univers, d'autres mystères.

Et chaque toile en éclabousse d'autres de sourires et de désirs, de voix et de regards partagés, ressentis, éprouvés, caressés et dansés, dans la joie d'exister.

dimanche 6 juillet 2014

Toujours plus loin


J'écris, au dos de chaque pierre
dans le nid
pour éclabousser l'espace
trop bleuté d'un ciel d'été
et le clapotis du silence
joue des airs
et puis, l'océan tranquille
donne envie d'aller encore plus loin...

Nul ne sait

 
Où sont-elles, les âmes d'avant, celles des autres temps ? Le soir venu, elles symphonisent à l'infini au-dessus de nos ciels. Peut-être ... Où sont-ils, tous ces lointains voyageurs, arpenteurs du passé et du monde ? Sont-ils revêtus d'étoiles et de poèmes ? Sans doute ... Entre l'essentiel et le doute, nos cris troublent peut-être... dans la nuit, l'écho troublant de la lumière. Où est-elle, la vérité ? Ici, ailleurs ? nul ne le sait ...

Ecrire pour dessiner le monde



Ecrire à la pluie, à la nuit, à la vie
Epouser le blanc du papier
et dessiner le monde
Et puis, soudain,
dans la terre feutrée des mots,
semer des silences...

Vagabondage


La nuit vagabonde
à la recherche d'autres nuits
Et le temps compose en chacun de nous
sa douce symphonie
Au loin, c'est l'aube et sa lumière
au fil tendre des jours
Eclaboussée de vie,
je rumine aux étoiles...
 

Musique et concerto

 
N'éteins jamais la lumière
Du verbe et du mot,
de la musique et du concerto
L'accord majeur est là
À la portée de ton cœur
 



Cri du silence




Chaque silence est un cri
un triomphe
une étoile
jaillissant en plein cœur de la nuit

Dans le ciel






Dans le ciel
les nuages ont des murmures
et le vent pris au piège
épouse, tout habillé de blanc,
ce troublant sortilège.

Sur les larmes du temps,
des nuages se promènent, infiniment...

Ouvrons nos yeux


Ouvrons les fenêtres des yeux
Dansons comme des fous
La musique s'amuse au fond de nous
Et nous fait rejoindre à petits pas
Nos rêves les plus forts
Nos songes les plus bleus
Ouvrons ouvrons nos yeux

Harmonies à venir

Il reste encore et soudain
Des sonates écrites
En morceaux de lumière
Pour inventer d'autres univers
D'harmonie et de vérité
Debout, l'homme est là qui espère
Et son violon à terre
Est prêt à s'envoler
Il reste encore et soudain
Des symphonies à composer

Si le violon joue


 
Si le violon joue,
son âme frôle la brume
et son cœur dépose les armes
Pour entraîner les flammes folles
D'une passion déconcertée
D'un concerto emprisonné
De larmes et de secrets
Trop jalousés trop bien gardés
Et chaque accord se fait
Et frôle l'espérance
Pour toucher le cœur bleu du silence ...

Et le violon s'enfuit
Au loin derrière la mer
Laissant pour nous
Les clés de la lumière

mardi 27 mai 2014

Les larmes


Atelier d'écriture du mois de mai à St Gervais
Consigne après lecture du texte de Massenet « Hers ,les larmes »
Consigne 1. écrire sur les larmes
Sous forme d’humour :


 
Les larmes, alarme … ça s’acharne
Et me désarme
Et quand ça dégringole,
Ça me fait flageoler les guiboles J

Les larmes, c’est fou, c’est fort
Ça passe partout
Ça s’évapore
Dans le maillot, dans les tibias
Et après ça, je peux jouer la Castafiore
En mode raplapla
Tu vas voir si je fais pas partie du décor !
 

Les larmes, ça clique, çà craque
Ça tire dans le pif, ça ébouriffe
C’est le contraire du Malabar
C’est pas pour les piliers de bars
Et puis tu sais, j’en ai ma claque
De chialer pour Marcel
Alors je vais pas pleurer
Pour ce vaurien, cette fricadelle
 
Les larmes, j’en ai plus
J’ai tout vendu
J’ai vidé mon sac
Alors pouet pouet
Laissez moi rouler tranquille
Dans mon estafette




Consigne 2. Ecrire sur les larmes
En inventant une plaidoirie

 

Madame la Présidente, mesdames et messieurs les Jurés

Mais ce procès est totalement hallucinant ! vous avez d’un côté les enfants trop gâtés qui réclament leurs droits, et , muettes et abasourdies sur le banc des accusés : les larmes ! Vous avez pourtant bien suivi l’affaire, il n’y avait pas péril en la demeure que je sache.

Je trouve que vous prenez un risque et que votre âme est en péril, oui, en danger. Vous laissez tout passer à votre progéniture capricieuse et mauvaise, et vous ne donnez plus à vos gosses le droit de pleurer. Savez-vous que les larmes sont à la source du cœur ? connaissez-vous la force insoupçonnée des émotions et la puissance profonde des sentiments qui sont les meilleurs amis des larmes ? En voulant épargner à vos enfants ces petites misères insignifiantes pour lesquelles nous sommes là aujourd’hui, vous étouffez leurs rêves, vous emprisonnez leurs capacités d’être vraiment ce qu’ils sont. Je vous demande, Madame la Présidente, mesdames et messieurs les Jurés, d’acquitter les larmes et de les laisser enfin couler en paix.

 

Soif

Poème écrit lors de l'atelier d'écriture de mai 2014 à St Gervais


Soif
Consigne : Ecrire à partir d’une image
Mon choix « village de Toubkal » village berbère, Maroc
En employant la lettre « S »
 
Surgissant d’un silence
Sommet surprenant
Seul et sacré
Sautant dans le soleil
Superposition soudaine de si…
Sournoises sont les souffrances
Soif


Sommeils sinueux
Songes de solitude
Se surprennent et s’attendent
Sans signe de sagesse
Savoir ?
Sans semaille sur le sentier
Si seulement…
Sourd est ce silence
Soif
 
Syllabes et sons se succèdent
Sempiternelles suites
Sens inversé du sens
Sursaut sensible des secondes
Soif
 
Sans cesse se souvenir
Saccader le son et le si
Se suffire à soi-même
Savoir ? si seulement…
 
Survivre
En souriant du Soufi
Soif
Simplicité suffisante d’un secret
Si tu le souhaites

Haïku


Poème écrit pendant l'atelier d'écriture de St Gervais les Bains
Consigne : écrire un Haïku

 

 
 
Le ciel son silence
Murmure un chant si bleu
Emerveillement
 
La mer l’insoumise
Etoile perdue en bleu
Navire au loin
  
En passant le pont
L’envol des grandes hirondelles
Plus loin c’est l’été

Gravitation universelle


 
 
Texte produit pendant l'atelier d'écriture de mai 2014 à St Gervais
Consigne : travail sur l’anagramme ; écrire sur la gravitation universelle en insérant les expressions « avaler vite un glacier » « une carte ou un singe vil «  « seule loi vitale régnant sur la vie »

 

Selon le dictionnaire, la gravitation universelle serait un phénomène au cours duquel les corps matériels s’attireraient réciproquement et de façon proportionnelle à leur masse.

A aucun moment, le dictionnaire ne précise si ces mêmes corps matériels sont capables d’avaler vite un glacier, ou s’ils sont en possession d’une carte ou d’un singe vil.

Et pourtant, au-delà des lois fondamentales qui régissent la science physique, il me semble que l’amour est en apesanteur, partout, depuis la nuit des temps.

Oui, la vie ne peut trouver sa source que dans l’amour que nous nous portons les uns aux autres. Un amour hors espace temps surgissant au hasard de nos chemins.

Il peut surgir comme ça, pour presque rien. Un regard, un sourire, des paroles bienveillantes éveillent en nous une force jusqu’ici insoupçonnée, une puissance soudaine qui nous porte à vouloir embrasser la totalité des êtres et des choses. L’attirance réciproque telle que décrite par la science ne sera jamais celle des hommes.

L’histoire nous racontera toujours des expériences d’amour qui sauront séduire, parfois effrayer, mais toujours nourrir nos possibles, en toute simplicité.

Et il en va peut-être ainsi de tous les êtres peuplant la terre. Apprendre à aimer. L’amour inconditionnel est la seule loi vitale régnant sur la vie.

 

N'oublie pas de vivre

N’oublie pas de vivre
Sous le ciel des jours
Le temps se balance
N’oublie pas l’amour
Offre l’espérance
 
Quand tu croiseras
Le fidèle semeur
Vagabond ou pas
Ouvre lui ton cœur
 
N’oublie pas la vie
Instants de lumière
Aime, danse, chante, souris
Fais grandir la terre
 
Au soir de tes jours
Avaleur de joie
La voix de l’amour
Chantera pour toi
 
Poème écrit lors de l'atelier d'écriture de mai 2014 à St Gervais les Bains

lundi 26 mai 2014

L'enfant et la grenouille


Consigne : écrire un texte libre à partir d’une photo « l’enfant et la grenouille »

Mots à insérer : simplicité, froid, insouciance, quartier, fessée, retour de pêche, jeux, paroles d’adultes, boulangerie, divorce, musique de Bach, mal au ventre, profondeur, empêchement.
 
Calme toi. Viens près de moi, viens t’asseoir. J’ai besoin de te raconter un peu de mon enfance. Regarde, j’ai retrouvé dans la vieille boite en fer au fond du grenier, quelques photos. Sur celle-ci, je dois avoir 8 ans.

Je me souviens bien, c’était pendant les grandes vacances chez la mémé Lucie. Tu ne l’as pas connue, elle habitait au bout de la ruelle du Passage. J’adorais sa maison, son jardin. Il y avait toujours des lézards qui couraient sur les murs.

Un jour, mémé revenait de la boulangerie et s’affairait dans la cuisine à préparer le repas. Elle écaillait un poisson que le cousin Vincent lui avait ramené de son retour de pêche. En cuisinant, mémé avait mis sur le vieux phono de la musique de Bach. J’aimais bien rester auprès d’elle et je buvais ses paroles. Paroles d’adultes qui parfois me faisaient un peu mal. J’étais bien trop jeune pour les comprendre.

Ce jour-là, il faisait très froid et je n’arrêtais pas de taquiner mémé en passant derrière elle et en lui dénouant son tablier. J’étais très coquin ! Dans mon insouciance, j’allais toujours un peu loin et dès que mémé voulait m’attraper, je prenais tout ce qui me tombait sous la main et le poser par terre de façon à provoquer ce que j’appellerai « l’empêchement dans la simplicité ».

C’était un de mes jeux favoris. J’avais besoin de taquiner, de me confronter aux limites pour sans doute me sentir mieux exister.

Mémé avait de la patience, mais quand même !

Parfois, il m’arrivait d’oublier un petit détail : c’est que mémé était beaucoup plus grande que moi et qu’elle aurait vite fait de me rattraper. Mais ce jour-là, mémé avait les mains prises entre les écailles de poisson et la farine, et j’avais déposé beaucoup d’objets sur son parcours !

Une fois mon forfait commis, je pris mes jambes à mon cou pour sortir en trombe de la cuisine. Mais, je n’avais pas sitôt franchi le seuil de la porte que je me sentis soudain soulever du sol. Je volais dans les airs … C’était le cousin Vincent qui était là, juste au bon moment, et qui avait entendu crier mémé. Il me tira méchamment les oreilles, me secoua comme un prunier pour me calmer et, tout en me cramponnant bien fermement, me menaça d’une bonne fessée. J’étais terrifié !
Son coup de semonce violent et son accès de colère provoquèrent en moi un grand choc, une cassure, un vrai divorce.

J’avais soudain l’impression qu’il y avait deux mondes diamétralement opposés : celui de mon enfance, si chaud et rassurant, et celui des adultes, avec des codes et des lois que je trouvais absurdes et que je n’acceptais pas.

Une fois que le cousin Vincent m’eut relâché, je m’éloignais du jardin. Seul, je me retrouvais complètement perdu et en proie à un terrible mal de ventre. Je m’approchais d’un muret, avec encore dans la tête des idées de mauvais coups et de vengeance. J’en voulais terriblement au cousin Vincent et mon cœur, en moi, battait toute sa colère.

Soudain, je la vis. D’où venait t’elle ? où était sa maison, sa ruelle, son quartier, ses amis ? Elle était là, et c’était pour moi presque surnaturel. Je ne la trouvais vraiment pas belle avec ses gros yeux et toutes ses tâches, mais sa seule présence avait réveillé toute la profondeur de ma curiosité, l’émerveillement. J’étais là et rien que là, avec elle. Je l’adoptais de suite et sans aucune formalité ! Loin du monde si compliqué des adultes, une petite grenouille, moche et insignifiante, avait croisé mon chemin. Mais surtout, elle m’avait rendu la joie de vivre et le sourire.

Agacement quotidien


Atelier d'écriture du mois de mai à St Gervais
Consigne : écrire comme « A Villequier » de Victor Hugo
En commençant chaque strophe par « Maintenant que « 
(j'ai pris volontairement une tournure humoristique)


 
Agacement quotidien


Maintenant que tu as encore raison
Et que tu ne veux rien entendre de ma déclaration pourtant nécessaire
Maintenant que tu t’entêtes à jouer les hommes de l’air
Qui m’agace et m’exaspère
Je te mets en préavis de ..  m’écouter
Et de m’aider à passer la serpillière !

 
Maintenant que la soupe est cuite
Et que tu continues à faire du bruit avec la tondeuse
Sans arrêter pendant que la voisine te fait des signes
Et que je tape aux carreaux par égard pour les poireaux
 

Maintenant que le film va bientôt commencer
Et que je vais manger toute seule, tu l’auras bien cherché
Et quand tu auras les deux pieds dans tes charentaises
Je te préviens, inutile de me réclamer une mayonnaise !

 
Maintenant que tu dors comme un bébé
Et que tu ronfles comme un sonneur
Sans te retourner pendant que je cherche le sommeil
Et que je tourne sur tous les quarts de mon corps
Ça me fatigue et me donne les hauts le cœur

 
Maintenant tu vas encore me dire que tu as eu trop chaud
Et que tu n’as pas fermé l’œil ! mon œil oui !
Tu vas me faire encore la tirade du lit

 
Maintenant que tu veux sauver la planète
Mais que tu ne veux jamais sortir la poubelle
Je te laisse pour partir avec mes copines
J’en ai vraiment assez de te préparer tes tartines

 
Maintenant que le quotidien et la routine me mettent en colère
Et que le médecin m’a encore dit que ça faisait des hormones
Je crois franchement que ce brave docteur déraisonne
Ou qu’il me prend pour un train à vapeur


Maintenant que, mon Cher Epoux, je t’ai écris tout ce qui me torture
Le plus simple serait, pour nous, je t’en conjure
D’engager une bonne ... ou une procédure.

au fil de l'eau et du temps


 
 Poème créé lors de l'atelier d'écriture de mai 2014
Consignes Ecrire comme … Yerma
Poème de Federico Garcia Lorca
Sur le thème des lavandières qui lavent le linge et discutent entre elles
  
Ruisseau du temps
Effilocheur de silence
Parle moi encore
Des vieux trousseaux
 
A la fontaine
Toutes les jeunes filles
Lavent leurs rêves
 
Frotte frotte frotte
Avec force et tendresse
Ce col du travailleur
Au sourire fatigué
 
Chaque parole ruisselle
Et l’écho du ciel
S’amuse en voyelles
 
Ici chante l’eau
Silence !
Ecoutez ce refrain mouillé