jeudi 8 octobre 2015

Solitude

 
Prendre le crayon de bois pour tracer en soi de nouvelles lignes. Le carnet muet me renvoie l'écho de la page blanche. Vide absolu. Ma solitude est là, je peux la porter à mains nues. Quel est ce vent irrévérencieux qui s'amuse sous la jupe des mots ? d'où vient ce plaisir à vouloir être en solitude pour écrire ? et pour écrire à qui, à quoi ? parler de quoi ? quel est le problème ?
 
Des millions de gens ...se croisent et se rencontrent, fuyant trop vite leurs solitudes. Ils se parlent et peuvent même s'aimer. Pour ne pas être seuls, ils donneraient leurs chiens.
 
J'aime cette solitude, cet espace dans le temps rien que pour moi. J'aime la peupler dans l'infini de paroles qui surgissent sur le seuil comme ça, sans crier gare. La maison des mots s'habille de mes silences, et ce sont eux qui donnent chaleur, ambiance, mouvements.
 
Dans cette solitude choisie, expérimentée tant et tant de fois, "j'émerveille", j'invente, je peaufine et confronte mes doutes à mes possibles, mes impuissances à mes absurdes, et rien ne me fait peur ici, et rien ne me fait taire.
Au loin, juste à côté, le temps continue et le cœur de la vie bat son rythme régulier. Juste à côté, il y a le chat et la fleur. Tous les deux peuvent danser dans les rêves du vent. La solitude marche à côté de la vie, elle en emprunte tous les chemins.
 
A ce monde j'appartiens, de ce monde je suis un élément et je m'enivre d'être, tout simplement.
Et lorsque ma solitude voudra rejoindre les étoiles, je veillerai à trouver dans cette nouveauté, assez de mots dans la lumière.
 
Tabou de solitude, je veux en parler. Tabou, mot inventé par l'homme pour éviter ses peurs. Tabou... mots en tas, bout à bout de mots, mots mis en bouts, mots debouts, à bout sur un tas de vie ...

Tabou, comme un tambour amputé d'un bras qui ne pourrait plus battre. Parler du silence et de la solitude pour VIVRE, EXISTER, RESPIRER. Se déposséder de soi pour voir plus loin, pour sentir en soi des ailleurs. Solitude, comme un point suspendu sur le fil du temps ... La musique entraîne toujours très loin et rejoint souvent d'autres musiques, d'autres mélodies. 

 De ce monde, je m'étourdis souvent, dans la pensée de cette multitude infinie qui arrive, seule et nue, puis vit, danse, chante, pleure, se marie, puis repart, si seule et anonyme. De ce monde, de son souffle sacré, nous sommes tous, un à un, reliés.

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