Sur mon visage, le temps, peu à peu, me dévisage. Il a posé des lignes sur mon front, mes joues, pour tracer l'espace des années. Sans crier gare, tout s'enfuit, se retire sur la pointe des pieds.
Parfois, il m'arrive de retrouver d'anciens carnets d'adresses, portant des ratures ou des noms oubliés.
Parfois, il m'arrive de me redécouvrir sur une photo jaunie d'un instant égaré.
Tout au fond de mon coeur, je le sais, je le sens, rien n'a vraiment changé, il n'est pas transformé, il s'est juste recroquevillé un peu plus, à chaque départ pour de vrai, à chaque désillusion qu'il n'a pas voulu accepter.
Aujourd'hui, je ne compte ni mes rides, ni mes années. Je suis comme je suis, avec un sentiment époustouflant de gratitude pour tout ce qui m'a construit, petit à petit.
Comme tout le monde, je connais la joie, la tristesse, la peine et la peur. J'ai déjà affronté le vide, l'absence, le manque, cherchant à m'extirper à chaque fois de mes luttes intérieures.
J'ai appris que le temps, en chaque chose, fait son oeuvre. J'ai compris que l'imperfection fait partie de la juste compréhension mais que nous affrontons à l'envi ce mystère inouï de notre présence sur terre. Seule la puissance de nos sentiments peut résister au naufrage temporel.
Alors qu'un nouveau cap, le soixante-sixième, se rapproche et que chaque jour se détache, je mesure, étourdie, l'envol des années au-delà de mes épaules. J'ai cru comprendre, je ne sais rien. Tout reste à apprendre ...
Ce qui est sûr, c'est que j'ai au fond de moi un trésor inestimable : tous ces coeurs, battant dans le même unisson que le mien, tous ces visages aimés que l'amour envisage.
~ Danielle Beaufils ~
27 août 2024
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